MOUTON NOIR

d’Alex LORETTE

conception et mise en scène Marie GAULTIER

avec Manon CHARRIER, Benjamin LAMY BERRUÉ, Alice Le BARS et Zélie THAREAUT

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à 11h50 du 7 au 26 juillet – relâches les 13 et 20

Durée 1h30 / 2h20* – Sortie à 14h10 | MAIF | à partir de 12 ans | Plein tarif : 20€ – Tarif réduit : 14€

*Durée du spectacle incluant le trajet A /R gratuit en navette depuis le Ttb

BILLETTERIE

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Une machine à jouer qui interroge la place qu’on occupe et révèle les rouages du harcèlement scolaire. Spectacle modulable en temps et en espace (salle de spectacle et lieu non dédié)

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Photo © Romain Mulochau

De Mouton noir, d’Alex Lorette, jaillit une écriture contemporaine forte à découvrir sur scène pour la première fois en France, à la confluence du réalisme et de l’imaginaire, qui retrace une histoire émouvante, proche d’une actualité brûlante pour les adolescent.es : une réflexion et une mise à distance sur le fonctionnement des humains en groupe, et la place de chacun.e.

« Pendant que sa mère fait de l’aérobic, des courses et des petits plats, Camille, 15 ans, s’enfonce chaque jour un peu plus dans un douloureux quotidien rempli d’humiliations, de pièges et de menaces. Autant de jeux cruels que la bande aime réinventer et amplifier.

Sans doute Camille est-elle une jeune fille un peu spéciale, trop renfermée, comme la présentent les adultes qui l’entourent. Mais qui l’écoute ? Qui essaie de saisir les petits signes qui constituent autant d’appels à l’aide face au harcèlement dont elle est victime ?

En parallèle, un autre destin s’écrit. Celui d’Albi, une jeune truie albinos qui, dans l’univers aseptisé d’un élevage industriel, doit lutter pour survivre parmi ses congénères. »

Engagés dans une spirale infernale, quatre comédien.nes incarnent à tour de rôle les différent.es protagonistes de la pièce, dans une scénographie mouvante et froide, comme un engrenage métallique, un piège qui broie les victimes du harcèlement scolaire. La pièce devient une machine à jouer, créant ainsi une distance avec l’émotion qui peut nous submerger : les rôles de chacun ne sont pas immuables, et dans le phénomène du harcèlement, ils ne portent ni visage, ni corps, ni sexe identifiable.

Conception et mise en scène Marie Gaultier

Interprétation Manon Charrier, Benjamin Lamy Berrué, Alice Le Bars et Zélie Thareaut issus des Conservatoires de région (Angers et Nantes)

Création lumière Natalie Gallard

Musique Arnaud Coutancier

Technicien son et lumière Alexandre Mornet, en alternance avec Romain Mulochau

Constructeur Philippe Ragot

Production et tournées Julie Ortiz

Production Compagnie Piment, Langue d’Oiseau

Coproduction Théâtre du Champ de Bataille (Angers)

Partenaires et soutiens État – Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire (aide à la création, aides aux actions culturelles et plan de relance), Région des Pays de la Loire (aide à la création et aide à la participation des équipes artistiques ligériennes aux grands rendez-vous professionnels), Département de Maine-et-Loire (aide à la création et aide à la mobilité), Ville d’Angers (aide à la création et aide à la mobilité), ADAMI, Crédit Agricole. Co-produit par le Théâtre du Champ de Bataille à Angers.

La compagnie Piment, Langue d’Oiseau est implantée en Pays de la Loire

BILLETTERIE

Marie Gaultier

Par Valérie Brunetière, linguiste et sémiologue

Marie Gaultier, après deux parcours diplômants, une maîtrise de sociologie et le Conservatoire, a choisi le théâtre et le spectacle vivant comme metteuse en scène et comédienne, sans rien renier de son regard acidulé de sociologue. Son attrait pour des domaines souvent considérés comme superficiels, par exemple la mode, l’amène pourtant à traiter des questions de fond : quid du respect des genres et de l’hybridité genrée, avec Dress code.

Symétriquement, son engagement pour la considération des différences, celle du genre, celles du handicap et de la violence ordinaire, pour n’en citer que trois, lui permet de soulever des lièvres avec humour et décalage, tout en légèreté et justesse, avec, entre autres : Nous, les filles, 3B(ears) et Le P.C.R. — Petit Chaperon Rouge — à l’Ouest, joué ici même à Avignon, il y a 8 ans. Ces deux derniers spectacles sont complétés par un troisième, La princesse au petit pois : enfants et parents peuvent y aller ensemble et les échanges qui s’ensuivent entre les uns et les autres après le spectacle sont la meilleure preuve qu’un spectacle vivant n’est pas réduit à sa durée en scène.

Marie Gaultier a compris, avec Rond-Rond, qu’il fallait initier la transmission auprès des tout-petits, quand leurs oreilles et leurs yeux sont grand ouverts ; il y a un jeune public particulièrement intéressant à toucher quand on espère que les générations suivantes seront plus intelligentes que celles qui ont mis à mal et le climat physique et celui, social : c’est fait avec Omelette.

Alors que les spectacles qu’elle met en scène s’adressent principalement soit aux adultes, soit aux enfants (parfois aux deux simultanément), elle inaugure un nouveau cycle destiné aux adolecent.es, un peu oublié.es peut-être du spectacle vivant : Mouton noir d’Alex Lorette représenté en 2023 à Avignon est le premier spectacle du cycle, sur la question du harcèlement scolaire.

Il est suivi par Michelle doit-on t’en vouloir d’avoir fait un selfie à Auschwitz ? de Sylvain Levey, déjà monté et joué et les deux seront complétés par un troisième opus.

C’est une des marques de fabrique, non systématique mais récurrente, du travail de Marie Gaultier ; non pas du 3 en 1, qui vaut pour les shampooings (et avant et après ledit), mais démultipliante, du type 33, offrant une lecture spectacle par spectacle, mais aussi une multitude de lectures de croisements, de bifurcations entre les trois spectacles de chaque trilogie.

Piment, Langue d’Oiseau

Par Valérie Brunetière, linguiste et sémiologue

Des questions, des questions, des questions.

Depuis 2005, Piment, Langue d’Oiseau interroge l’actuel de notre société, plutôt que ses actualités. Poivrer les émotions des spectateurs avec distance et humour, sans donner de réponse, ni faire la leçon. Épicer pour réveiller nos endormissements parfois (in)compréhensibles face aux questions du genre, de la différence, de la violence ordinaire non remise en cause ou au contraire qui fait irruption dans le social. Lequel n’est pas réductible aux « problématiques sociétales » (dixit les médias) ; car les mots sont importants et Piment s’y entend à ne pas réduire le social au sociétal pour montrer que problèmes et violences sociales sont de notre fait, que nous y contribuons pour une part et que nous pouvons les approcher, les apprivoiser — mouiller son doigt et toucher l’épice suspecte pour la porter au bout des lèvres avec précaution. Ou nous dresser contre elles, si « l’humaine condition » le nécessite — recracher vigoureusement l’infecte Valda et avaler ensuite un litre de lait, quitte à risquer l’indigestion.

Piment, Langue d’Oiseau n’est pas une langue de vipère : le serpent ne rit pas quand l’oiseau chante et se moque, y compris de lui-même. L’époque manque de dérision et d’auto-dérision et la contribution de Piment n’est pas des moindres à rétablir un peu la balance de leur côté. La démarche artistique de Piment a compris l’essentiel des dernières trouvailles scientifiques : si l’intestin est notre « deuxième cerveau », alors nul doute que ses productions visent à toucher d’abord notre ventre, là où on rit de bon coeur, et aussi où on éprouve de la peur, de la tristesse, de la colère, de la honte, de la surprise ; notre (premier ?) cerveau prend le relais : on en parle et reparle après le spectacle : quid des réponses ?