Françoise Sabatier-Morel, Télérama |
Depuis longtemps, Bénédicte Guichardon avait envie d'explorer le thème de l'ennui et de la découverte. Elle s'est posée plusieurs questions, propre aussi à l'enfance : peut-on trouver en nous les ressources nécessaires à la créativité, est-il possible d'observer la beauté dans les plus petites choses, de découvrir ou de redécouvrir ?
Nous redoutons tellement l’oisiveté pour nos enfants que nous leur assurons des vies bien remplies, les encombrons d'occupations, d'activités, de sollicitations. Il semblerait que ce n'est pas si facile de les laisser errer, sillonner les terrains vagues. Et pourtant, ce serait peut-être une chance qu'ils s'abandonnent à la rêverie. Les neuroscientifiques ont mis en évidence un étonnant paradoxe. Ils ont révélé que notre cerveau au repos, contrairement à ce que l’on pourrait croire, est très actif.
Le rien, le vide, l’ennui sont des vertus merveilleuses qui nous poussent à inventer, à créer, à expérimenter.
Au commencement, l’espace est dépouillé et lisse. Il symbolise le sentiment d’ennui. Par l’apparition progressive d’objets réalistes ou abstraits, sonores et visuels, il se trouve bouleversé. Du vide, il évolue vers le foisonnement, glisse de l’immobile vers le mobile, de la réalité vers l’imaginaire…
La lumière creuse les profondeurs, dévoilant par moment un personnage en arrière-plan, jouant sur l’opacité ou la transparence d'un tulle.
En revenant à des procédés artisanaux, Bénédicte Guichardon crée une atmosphère mystérieuse et dévoile un univers jusqu'alors dissimulé. Elle tisse une toile entre le rêve et le réel.
Le bel après-minuit, créée et dirigée par Bénédicte Guichardon, est une compagnie jeune public qui explore avec curiosité les territoires de l’enfance : elle propose des spectacles qui parlent à tous et poursuit dans chaque création une recherche esthétique propre, intimement liée aux sens et aux émotions, un théâtre où différents langages se côtoient en réunissant une équipe d’artistes (comédiens, scénographe, créateur son, lumière, vidéo…) engagée collectivement dans le processus de création.
De 2011 à 2015, en association avec l’autrice Catherine Verlaguet, le bel après-minuit a été en résidence sur la communauté d’agglomération du Val de Bièvre (94). En 2024, Bénédicte Guichardon mettra en scène un triptyque de formes itinérantes Les Abîmés de Catherine Verlaguet.
La compagnie Le bel après-minuit est conventionnée par la Drac Ile-de-France, le conseil Départemental du Val-de-Marne (94) et la Région Ile-de-France au titre de la permanence artistique. Depuis 2023, elle est en résidence triennale sur le territoire arpajonnais.